Déclaration FSU09 du 5 octobre 2021

Aujourd’hui, nous nous retrouvons, salariés du public et du privé, pour une journée de mobilisation nationale qui nous rappelle à quel point le combat pour nos emplois et nos salaires est essentiel, et dépasse nos différences. Car les agents publics, comme les salariés du privé si souvent malmenés et précarisés, voient leurs conditions de travail, et au-delà leurs conditions de vie se dégrader. Nous souffrons d’une perte de sens. C’est un constat sans appel, enfin relayé dans les médias : 80 % d’entre nous sommes régulièrement confrontés à un sentiment d’absurdité dans notre travail.

Cette perte de sens, c’est d’abord la dégradation des conditions de travail qui l’engendre. Les gouvernements successifs nous ont saignés à blanc. Coupes budgétaires, réorganisations, suppressions d’emplois… Aux yeux de nos dirigeants, rien n’est trop bon pour économiser quelques milliards, quitte à dépouiller la population de services essentiels, de services publics de qualité. Demander aux agents publics toujours plus, avec des moyens de plus en plus dérisoires, voilà leur solution, voilà la cause de notre souffrance. La pandémie a montré notre utilité, mais parfois aussi notre impuissance, tant les politiques budgétaires successives nous ont affaiblis. Comment se satisfaire de notre travail quand on nous empêche, par une austérité croissante, de mener à bien nos missions ?

Mais cette perte de sens, elle est aussi dans la reconnaissance de notre travail. Reconnaissance salariale d’abord : rémunérations gelées, insuffisantes, pouvoir d’achat de plus en plus faible. La Fonction publique n’est plus attractive. Pourquoi accepter un travail mal payé, et aux conditions aussi dégradées ? Reconnaissance statutaire ensuite : le statut de fonctionnaire, c’est un gage d’indépendance face aux pressions de toutes natures, c’est la garantie d’un service de qualité, équitable pour tous les usagers. Aujourd’hui, on contractualise à outrance les emplois publics, on crée des emplois précaires, on refuse à des personnes au service de la société un CDI ou une titularisation. Ces conditions indignes doivent cesser ! Bien rémunérer ses fonctionnaires, leur offrir des conditions de travail décentes, les protéger par des garanties statutaires, c’est à cela qu’on reconnaît un État qui se soucie du bien-être de sa population.

Cette perte de sens enfin, elle provient du mépris de nos dirigeants. Depuis 2019, plus de paritarisme, plus de concertations. Le gouvernement a balayé tout dialogue social, y préférant l’arbitraire et l’autoritarisme. Les nouvelles méthodes de management, toujours plus brutales, toujours plus oppressantes, sont en train de créer le terreau d’un scandale comme ce que l’on a pu voir lors de la privatisation de France Télécom. Et, non contents d’essorer les agents, ce gouvernement tente de leur imputer les difficultés constatées par les usagers. Au mépris s’ajoute alors la haine, ce « fonctionnaire bashing » dont certains ministres ont fait leur marque de fabrique. Les services publics sont une chance, et même une garantie démocratique. Ils échappent aux lois inégalitaires de la finance. Alors, pour les privatiser, ils essaient de les faire passer pour un poids, pour une contrainte.

Oui, nous perdons le sens de notre travail. Mais il nous reste au moins cette certitude : les services publics sont le bien de toutes et tous, la seule richesse de celles et ceux qui n’ont rien. Il nous reste aussi la certitude que nous devons lutter pour défendre ce bien commun, défendre par là les valeurs d’égalité et de solidarité auxquelles nous croyons. Car plus d’austérité, c’est moins de République ! Plus d’austérité, c’est faire ce tri si cher à notre Président entre « les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien ». La FSU dénonce cette politique dans son ensemble, cette braderie de l’État au profit d’une jungle financière dont les lois écrasent les plus fragiles. Une véritable politique publique s’impose, volontaire et engagée, faite de revalorisations, d’embauches, et d’une restauration du dialogue sociale. C’est à cette seule condition que l’on pourra envisager sereinement le monde d’après, tant promis, mais qui pour l’instant ressemble furieusement au monde d’avant.