Si nous avions déjà constaté lors de la dernière FS l’explosion du nombre de remontées RSST concernant les risques psychosociaux, il nous paraît important de revenir sur ce point en cette fin d’année. Par la mise en place du Pacte à marche forcée, le gouvernement s’apprête en effet à dégrader durablement les conditions de travail des personnels de l’Éducation Nationale.

Dans le premier degré, tout d’abord, en instaurant une relation hiérarchique entre les directrices et directeurs d’écoles et les équipes pédagogiques, quand le fonctionnement devrait rester collégial via le conseil des maîtres qui reste souverain et décisionnaire dans les textes. Cette situation va plonger les directrices et directeurs d’école dans une posture ambiguë vis à vis de leurs collègues et difficile à supporter. La FSU craint que ce dépassement des fonctions de coordination de la direction dérive vers une hiérarchisation des enseignants au sein des établissements du premier degré. Nous avons conscience qu’il s’agit là d’un projet gouvernemental fondé sur les principes du néo-management public, et dénonçons cette idéologie funeste qui dégradera en profondeur le service public.

Dans le second degré ensuite, la priorité aux RCD va engendrer une dégradation des emplois du temps pour l’ensemble de nos collègues. Là encore les relations de travail vont s’en trouver fortement dégradées, à la fois entre enseignants, mais aussi entre les équipes pédagogiques et les équipes de direction. Par ailleurs, une mise en concurrence entre premier et second degré émerge déjà dans le cadre des heures de devoirs faits et de l’accompagnement personnalisé.

C’est en somme un triple chantage que le ministère nous impose :

– obliger les enseignants souhaitant mettre en place des projets pédagogiques à accepter d’abord des RCD ;

– obliger les jeunes enseignants victimes d’une précarité salariale à se surcharger de travail pour compenser le manque de revalorisation substantielle de nos métiers ;

– inciter fortement les enseignants à signer ce Pacte pour obtenir des avis favorables lors de leurs rendez-vous de carrière ou passage à la hors-classe et à la classe exceptionnelle.

La FSU s’inquiète également des modifications des missions des AESH annoncées par le gouvernement. Depuis des années, la FSU demande un véritable statut d’AESH, fondé sur les missions d’accompagnement des élèves en situation de handicap. Nous refusons en revanche que les AESH deviennent des supplétifs administratifs et éducatifs pour pallier le manque de personnels et les dysfonctionnements de l’institution. Le métier d’AESH mérite de meilleures conditions d’exercice, déjà dégradées par la mutualisation, ainsi qu’un salaire digne et un accès au plein temps dans leur métier.

Les annonces successives du gouvernement sur la réforme du lycée professionnel inquiètent particulièrement la communauté éducative. La transformation du métier d’enseignant en lycée professionnel telle qu’envisagée dans les discours officiels risque de conduire à une augmentation exponentielle des risques psycho-sociaux. La volonté d’adapter l’offre de formation à un contexte économique court-termiste va conduire à une grande instabilité organisationnelle voire structurelle. Le fait d’imposer un cadre de travail instable, de confier à des enseignants des missions ne relevant pas parfois de leur fonction ni de leurs compétences, et par extension de leur demander un travail qu’ils ne seraient pas en mesure d’accomplir dans de bonnes conditions, sont des facteurs reconnus susceptibles d’engendrer des situations de burn-out.

Face à l’ensemble des problèmes que nous soulignons ici, les propos récents des Ministres de l’Économie et des Comptes Publics nous paraissent extrêmement alarmants. La FSU rappelle que le taux d’arrêt maladie chez les enseignants est déjà en moyenne inférieur à celui des salariés du privé, n’en déplaise aux perpétuels fossoyeurs de la Fonction Publique s’insurgeant périodiquement contre ce qu’ils nomment « absentéisme » de manière fort méprisante. La croisade lancée par les ministres sus-mentionnés contre des droits sociaux majeurs, alors que la médecine du travail dans l’Éducation Nationale est quasiment inexistante, nous apparaît particulièrement indigne et dangereuse. La FSU sera particulièrement vigilante dans les mois à venir à la traduction concrète de tels propos et à leur effet sur la santé des personnels de l’Éducation Nationale.