La FSU09 a été invitée par M. l’Inspecteur d’Académie à participer aux états généraux du numérique pour l’éducation initiés par M. Blanquer ce mercredi 30 septembre.
Nous ne nous y rendrons pas et répondons à cette invitation par le communiqué suivant.
A NOS PERSONNELS DE DIRECTION
A NOS SYNDIQUÉS
A LA PRESSE
ÉTATS GÉNÉRAUX DU NUMÉRIQUE : POURQUOI NOUS N’IRONS PAS !
Au mois de juin dernier, le ministre Blanquer a lancé une large consultation sur le numérique vers les enseignants et les différents partenaires institutionnels ou privés de l’éducation nationale. Aujourd’hui, à tous les niveaux, les recteurs, les inspecteurs d’académie, les chefs d’établissements nous convient dans un grand effet de manche démocratique à venir y participer. Dans quel but ? S’agit-il de s’interroger ensemble sur le bien-fondé de la numérisation de l’éducation nationale ? De questionner les objectifs ou le socle idéologique sur lequel repose cette numérisation ? Certainement pas, il ne s’agit pas de venir poser des questions mais de (nous citons) « renforcer la stratégie numérique éducative ». Si les conclusions sont données avant la consultation, à quoi bon s’y rendre ? L’éducation nationale est déjà largement numérisée : les ordinateurs sont dans toutes les salles de classe, certains d’entre nous ne font plus cours qu’avec le vidéo-projecteur, bon nombre de matières scientifiques ne peuvent plus s’enseigner qu’avec le numérique. Que faut-il de plus ? La COVID, dans l’éducation comme dans beaucoup de secteurs économiques, aura eu au moins cet effet de transformer à marche forcée la société et de la rendre toujours plus dépendante de la technologie et des marchands du numérique. L’effet d’aubaine qu’a constitué le télé-travail pour les GAFAM ne demande plus qu’à être avalisé par notre institution, qui y voit un magnifique gisement d’économie en personnel. Fini les classes surchargées : le distanciel-présentiel va alléger les effectifs à moyens constants.
Ces États généraux du numérique au titre pompeux ne sont qu’un effet de communication au même titre que la défunte convention citoyenne pour le climat. Pendant que le peuple discute, les gouvernants gouvernent et prennent les décisions avant de consulter. Cela s’appelle « faire vivre la démocratie dans les territoires » en jargon techno-gouvernemental mais ça n’est qu’un vernis pour rendre acceptable sous couvert de discussions démocratiques l’inacceptable. L’orientation est décidée depuis longtemps, il faut toujours davantage numériser l’éducation nationale pour la rendre plus innovante, c’est-à-dire ouverte sur le marché de la concurrence (« l’intégrer à son éco-système » en jargon néo-libéral) et surtout plus disponible pour la Ed’Tech. Faut-il rappeler le gisement colossal d’argent que représente le numérique éducatif, et le poids énorme des entreprises, depuis Microsoft jusqu’aux start-ups locales, qui poussent à la numérisation ?
Le prétexte de la « fracture numérique » à réduire reste encore pertinent, chacun s’en emparant pour essayer de récupérer du matériel offert par la collectivité. C’est toujours au nom des plus démunis, des plus faibles, des plus fragiles, qu’il faut d’urgence numériser, équiper, suréquiper.
Parce que nous défendons une autre vision de l’éducation, plus humaine, et tournée vers l’élève plutôt que vers l’écran, nous ne participerons pas à cette nouvelle tartufferie anti-démocratique.
La FSU09